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11 mars 2020

La Spagyrie

La Spagyrie

Alexander von Bernus_Médecine et alchimie

Le mot apparaît la première fois chez Paracelse. C'est une méthode thérapeutique basée sur une vision énergétique globale de l’homme dans l’univers. Cette méthode a connu au XX° siècle un certain développement avec Alexandre Von Bernus (Médecine et alchimie, Belfond 1969) et surtout Fr. Albertus (Albert Riedel) dont le Manuel de l’alchimiste a été traduit en français par MAAT/LPN en 1974 (bibiographie). Ces deux auteurs ont fortement influencés la plupart des écoles spagyriques actuelles en Europe ou en Amérique du Nord.

Dans la théorie, la préparation spagyrique consiste à séparer les trois principes d’une plante pour les réunir après les avoir mûris ou purifiés. L’opération doit être reconduite plusieurs fois jusqu’à l’obtention d’un élixir, voire d’une pierre végétale (de l’arabe Al Iksir, la pierre ; ou du grec Kseron, médicament).

Ces trois principes sont :

  • Le soufre, qui est l’âme de la plante, c’est l’huile essentielle.
  • Le mercure, son esprit, liquide extracteur obtenu par la fermentation, puis distillation, c’est tout simplement notre alcool, ou esprit-de-vin (ou parfois, selon les besoins, un produit voisin comme le vinaigre rectifié).
  • Le sel de la plante, son corps, qui est formé des restes de la calcination de la plante.

Ces termes, comme souvent dans ce domaine, ne désignent pas des éléments chimiques précis, mais des principes. C’est cette nuance subtile qui nous fait facilement confondre hermétique avec obscur, ce qui est souvent un sujet d’agacement pour nos esprits scientifiques un peu trop modernes…
Le soufre de chaque plante est différent, alors que le mercure est unique dans le règne végétal, le sel est en général le résidu de la calcination de la plante traitée, mais on le remplace parfois (ce qui est – à mon avis, une erreur) par du carbonate de potassium acheté dans le commerce (D’après moi, il est toujours plus instructif de préparer soi-même ses propres produits).

Dans la pratique, il s’agit d’extraire le soufre (l’huile essentielle) de la plante par une circulation de cette plante fraîche ou sèche (les graines, ou parties supérieures en général) dans l’alcool (alcool de vin de préférence) acüé par une forte rectification, 96° est suffisant à mon avis, et purifié de ses phlègmes lors des distillations successives (jusqu’à 6 ou 7).

C’est Raymond Lulle qui a le premier posé au XIII° siècle les éléments de ce travail spécifique. L’extracteur de soxhlet est l’instrument habituel pour cette opération mais si l’on n’est pas équipé, une longue macération à bonne température, 35/40°c., pendant un mois peut permettre une extraction suffisante (la simple macération a surtout l’avantage d’éviter la cuisson de la teinture).


Notre teinture obtenue (c’est alors une simple teinture-mère), il faut calciner les restes de la plante en augmentant leur quantité avec d’autres plantes sèches de la même variété pour obtenir un sel gris/blanc (un simple four de cuisine peut ne pas suffire, d’ailleurs cette opération n’est pas toujours la bienvenue dans une cuisine…).
Ce sel est parfois lessivé avec de l’eau distillée par vos soins, ce qui est facile à faire quand on a déjà distillé son esprit-de-vin, et re-calciné (la partie recherchée dans ces sels est la partie soluble qui se récupère par évaporation, ou distillation, de cette eau de lessivage).
Si la calcination est mal conduite, il est possible que le Feu du Sel soit perdu pendant une inflammation indésirable.
A ce stade, et c’est là que l’on quitte le domaine des teintures-mères, il faut cohober (c’est-à-dire reverser, en une fois ou progressivement) la teinture sur son sel. On laisse digérer quelque temps en couveuse, laquelle correspond pour certains à l’athanor des anciens (à 35/40°c.), on sépare à nouveau par distillation, on recommence les calcinations et lessivages du sel, et l’on cohobe encore.

L’élixir ainsi obtenu peut être consommé tel quel (quelques gouttes) ou poussé plus loin dans les mêmes opérations jusqu’à ce que le sel prenne un aspect fondant, cireux : c’est une pierre végétale, difficile à obtenir mais réputée pour sa puissante vertu thérapeutique.

Cette opération est la principale en spagyrie. C’est un certain travail qui demande au préalable une bonne maîtrise de la distillation de l’esprit-de-vin (c’est la base de la pratique).
D’autres travaux sont également très intéressants, mais je renvoie l’intéressé à La Nature Dévoilée (voir bibliographie), grand classique de cet art datant du XVIII° siècle qui donne mille recettes et transmet parfaitement l’esprit spagyrique dans un langage très simple et très didactique.

L’utilisation d’une teinture spagyrique peut obéir aux règles s’appliquant aux teintures-mères classiques (selon les propriétés thérapeutiques connues des plantes) ou, dans un cadre plus hermétique, en accord avec la signature de la plante, dans un but énergétique plus global.
L’intérêt, à mon avis, se trouve entre les deux : c’est-à-dire qu’il est important de tenir compte des deux systèmes de pensée et de ne pas négliger les propriétés hermétiques et classiques de chaque plante en particulier.

  • Par exemple, le Chardon Marie est réputé être sous l’influence de Jupiter, ce qui n’empêche pas qu’il reste la plante médicinale que l’on connaît en herboristerie avec ses propriétés spécifiques. Disons que plus le produit est poussé loin dans les opérations, plus les propriétés classiques de la plante laissent la place à l’énergie, à l’être au sens paracelsien.

Ce principe de sublimation du produit d’origine se retrouve d’ailleurs dans l’homéopathie où la faible dilution correspond à un type de maladie, alors que la haute dilution s’adresse plutôt à un ensemble de symptômes, pour une catégorie de personnes.

Il a été fait mention du vinaigre rectifié pour parfois servir de mercure spagyrique. Le vinaigre, l’acide acétique, est une oxydation de l’alcool (on peut dire que c’est une seconde fermentation). La différence communément admise entre les deux vient de leur degré de fixité : l’alcool est plus volatil que le vinaigre (qui bout à 117°c.) et la direction prise pour la préparation sera différente.
L’utilisation du vinaigre pour les élixirs spagyriques n’est pas fréquente mais il est quand même utile de donner quelques éléments pour sa préparation.
Le vinaigre se concentre soit par congélation (à la manière de l’Apple Jack, voir plus haut), ce qui permet de conserver l’acide avec les principaux autres éléments qui se décongèlent d’abord, l’eau seule restant isolée ; soit par distillation pour ne garder que l’acide, ce qui est plus difficile. Pour distiller le vinaigre, Dorvault conseille d’augmenter la température d’ébullition de l’eau en saturant le vinaigre de sel (simple sel de cuisine : chlorure de sodium) : l’acide passe alors avant l’eau et les autres composés.
Il faut aussi noter la différence entre le vinaigre de vin (acide acétique) et le vinaigre de cidre, différent dans sa composition.
Enfin, parmi les mercures spagyriques, citons encore l’éther, extrêmement volatil (il bout à 35°). L’éther sulfurique se fabrique (toujours d’après Dorvault) en versant doucement de l’acide sulfurique sur de l’alcool pendant sa distillation (information transmise à titre indicatif : personnellement, je n’ai jamais osé essayer…).

Dans ce travail spécifique, la fermentation est présente dans l’obtention du mercure sous la forme de fermentation alcoolique (). Il existe d’autres formes de fermentations tout à fait intéressantes qui produisent d’autres types de mercures mais je ne préfère pas trop développer ce sujet dans un ouvrage consacré à la distillation. Citons quand même, pour exciter la curiosité, la fermentation de certaines plantes (Dorvault cite le Chénopodium vulvaria) dans le carbonate de potassium ou de sodium, qui produit de l’ammoniaque (peu utile pour la confection d’élixirs ou de liqueurs, j’en conviens…). De même, les purins obtenus par macération dans l’eau (les jardiniers connaissent bien le purin d’ortie) sont des fermentations très utiles pour certaines extractions. J’insiste un peu sur ce point car, comme je l’écris au début de cet article, je considère que la fermentation est une forme primitive de la vie.

Pour conclure ce petit chapitre de présentation de la spagyrie, il faut rappeler que l’être, l’«ens» pour employer le terme de Paracelse, de la plante (si l’on travaille dans le règne végétal, qui est le plus fréquemment visité, mais non le seul en spagyrie) est notre principe de base. C’est-à-dire que l’attention est portée sur la vie (pardonnez mes répétitions…), plus que sur la matière même qui n’est que son support et qui en dépend totalement.

Les principes hermétiques ou naturels se rapportant à la vie doivent toujours être présents à l’esprit du spagiriste, ce que lui rappelle la devise le sage cherche à imiter la nature.
Comme le sait bien l’agriculteur, travailler avec les saisons (les deux premiers signes du printemps sont connus pour permettre le commencement du travail), ou les phases de la lune est d’une importance non négligeable.

Plus simplement encore, prendre le temps de laisser mûrir les macérations, respecter la douceur des températures, ou observer les conditions et le milieu naturel de croissance des plantes sont indispensables : il s’agit d’être invité à découvrir les secrets de la nature, pas de la violer.

 

La Spagyrie - materia-medica

Remèdes naturels et quintessences au même titre que la Phytothérapie, l'Homéopathie, les fleurs de Bach et les sels de Schüssler, la Spagyrie réunit le potentiel de toutes ces thérapies en un système thérapeutique cohérant en lui-même et fondé avant tout sur la recherche de la cause profonde des maladies.

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Spagyrie - Processus de transformation - materia-medica

vient de Spao (séparer) et Ageiro (réunir)Il s'agit de séparer 3 Principes, de les purifier, pour enfin les réunir, afin d'en augmenter puissamment les vertus.Les 3 Principes spagyriques d'une plante sont :1) Huile essentielle (l'âme de la plante)2) Teinture liquoreuse (l'esprit de la plante)3) Sels minéraux et oligo-éléments (le corps de la plante) Pour aller plus loin, une formation complète sur la philosophie et la pratique de la Spagythérapie est proposée par Toni CERON.

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