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8 février 2019

Herbier, les plantes qui soignent - La Pivoine

Pivoine - Paeonia mascula

 

Pivoine Peonia sp

 

 

La Pivoine comme plante médicinale

Tellement épris que nous sommes aujourd’hui de la beauté de la Pivoine et parce qu’elle est une excellente plante de jardin, nous avons tendance à oublier qu’il y eut un temps où la Pivoine était hautement considérée comme herbe médicinale. En effet, il est probable qu’au lieu d’être cultivées comme plantes d’horticulture, les Pivoines étaient plutôt cultivées pour leurs propriétés curatives. Un rappel de son ancienne utilisation est que les Pivoines ont été nommées d’après Paeon, l’ancien guérisseur grec qu’Homer avait décrit comme médecin des dieux. Un autre rappel est le nom donné à la plante que nous connaissons aujourd’hui sous le nom Paeonia officinalis. En littérature, "officinalis" veut dire « office », le mot anglais signifiant « bureau » ce qui représente, dans les termes d’aujourd’hui, la boutique où les herboristes européens vendaient leurs remèdes. Les médecins de la Chine et du Japon ont aussi reconnu les propriétés médicinales de la Pivoine. En Chine, elles y étaient connues probablement 600 ans avant Jésus-Christ et certainement avant le 1er siècle av. J.-C. Au début du 8e siècle av. J.-C., la pivoine a été apportée de la Chine au Japon, non pas pour ses propriétés horticoles, mais plutôt pour sa valeur médicinale.

En Europe, la première Pivoine à être utilisée comme plante médicinale a été Paeonia mascula ou la pivoine « mâle », native de la Méditerranée. Lors de la période médiévale, P. mascula a été introduite en Bretagne, probablement par les moines. John Gerard (1545-1611/12) et Nicholas Culpepper (1616-1654) ont fait référence à P. mascula dans leurs herbiers.
Cependant, vers le 16e siècle, P. officinalis, également native de la Méditerranée, avait été introduite en
Bretagne et avait remplacé P. mascula comme pivoine de choix pour fins médicinales. En Chine et au Japon, les pivoines herbacées et arbustives étaient cultivées comme plantes médicinales. En Europe, P. officinalis était cultivée par des moines dans leurs jardins d’herbes; par des médecins et apothicaires dans leurs jardins médicinaux; et par de simples individus dans leurs jardins de ville et jardins de campagne. Et puisque durant la période médiévale et plus tard, la femme au foyer était tenue responsable de prendre soin des malades, les femmes auraient été impliquées dans la culture des pivoines. Dans les foyers fortunés, la maitresse de maison aurait eu un rôle de supervision, mais dans des foyers moins fortunés, elle aurait fait le travail elle-même.

Selon Culpepper, toutes les parties de la pivoine ne sont pas également efficaces comme médecine d’herbes (phytothérapie). Il classe les racines et les graines comme ayant la plus grande valeur, les pétales et les feuilles un peu moins. Il y eut un temps où la récolte des racines était considérée comme dangereuse. Dans l’ancienne Grèce, il y avait interdiction de déterrer les racines à la lumière du jour de peur que l’activité soit vue par un pic-bois et que celui-ci crèverait les yeux du creuseur à coups de bec. La mort était un autre danger associé au déterrement des racines. Pour remédier à ce risque, on devait attacher un bout d’une corde à la plante et l’autre bout à la patte d’un chien. On tentait ensuite de persuader le chien de tirer la plante hors du trou avec un leurre de « chair rôtie » placé à courte distance. Gerard rejeta ces anciens mythes et annonça que les racines pouvaient être récoltées en tout temps de l’année. La récolte de graines était aussi considérée digne d’un avis d’alerte. Jusqu’à ce que Gerard rejette la notion, on croyait que les graines de pivoine étaient invisibles à la lumière du jour, mais pouvaient être récoltées la nuit, car croyait-on, elles brillaient comme des
chandelles.

Après la récolte, les racines de pivoine séchées pouvaient être façonnées en amulettes et perles ou moulues en poudre. La racine en poudre était utilisée seule ou mélangée à d’autres ingrédients pour former des poudres médicinales ou électuaires. Les racines étaient la base de l’eau de pivoine. La recette de Culpepper suggérait de laver les racines, de les couper en petits morceaux et ensuite de les faire tremper dans du vin blanc sec pour au moins 24 heures. Avant d’être utilisée, l’infusion était filtrée. Une recette plus élaborée impliquait d’utiliser 18 racines de pivoine fraichement cueillies, plusieurs graines, feuilles et fleurs de lavande séchées bouillies ensemble dans plusieurs gallons de vin et d’eau.

Les remèdes préparés à partir de pivoines étaient employés pour traiter diverses afflictions. Du temps de l’ancienne Grèce jusqu’au 19e siècle, certains problèmes reliés à la grossesse, à la naissance d’un enfant et aux soins donnés aux enfants pouvaient être soulagés avec une préparation de pivoine. Hippocrate recommandait l’ingestion de graines de pivoine pour « l’hydropisie» et la dislocation de l’utérus. Les arrêts des menstruations pouvaient être traités de la même façon. Un électuaire du 17e siècle était réputé pour soulager ce qu’aujourd’hui on décrit comme étant la nausée, les vomissements et l’estomac dérangé du début de la grossesse. Une infusion de racines de pivoine aidait à expulser le placenta. Afin de protéger le nouveau-né des crises et du haut mal (épilepsie), un herboriste allemand du 18e siècle recommandait de baigner l’enfant dans de l’eau de pivoine fabriquée avec des fleurs de pivoine bouillies dans du vin. Les enfants bénéficiaient également des forces protectrices que leur conféraient les perles de racines de pivoine suspendues à leur cou. Chez les adultes, la démence, la mélancolie, les cauchemars, les étourdissements, la passion hystérique, la jaunisse ainsi que le blocage du foie et des reins étaient sensibles aux traitements par des remèdes de pivoine.

La grande considération pour les préparations de pivoine a duré du temps de l’Antiquité jusqu’à la fin du 19e siècle. Cette longue utilisation peut être expliquée en partie par la nécessité de devoir se fier à ses propres ressources médicales. À l’exception des gens de la ville, très peu de gens avaient accès à un médecin ou à un apothicaire. Avec l’introduction et la promotion des drogues synthétiques à la fin du 19e siècle, l’utilisation d’herbes, incluant la pivoine, a diminué. Cependant, la réputation de la pivoine comme plante médicinale n’est pas complètement anéantie, car encore aujourd’hui la médecine chinoise continue d’utiliser la pivoine dans la préparation de médicaments.

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