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3 novembre 2019

Herbier, les plantes qui soignent - L'Hydraste du Canada

Hydraste - Hydrastis canadensis

Hydraste - Hydrastis canadensis

 

Historique de l'Hydraste

Il existe une croyance populaire à l'effet que l'Hydraste pourrait masquer la présence de drogues dans l'organisme en cas de tests de dépistage. Cette hypothèse, qui tirerait son origine d'un roman publié au début du XXe siècle par un pharmacien américain, ne repose sur aucune donnée scientifique ou clinique convaincante.

Les Amérindiens tiraient de la racine d'Hydraste une teinture jaune dont ils coloraient leurs vêtements. Ils s'en servaient également pour soigner diverses affections cutanées, les problèmes digestifs et hépatiques (du foie), la diarrhée, des états dits « Cancer» et les infections des yeux.

Rapidement adoptée par les colons européens, la plante devint, au début du XIXe siècle, un remède extrêmement populaire. À tel point que les récoltes intensives ainsi que la déforestation mirent en péril les colonies naturelles d'Hydrastes.

L’Hydraste (Hydrastis-canadensis) est inscrite à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril en tant qu’espèce menacée, et à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Ainsi, au Canada, seules les racines et les rhizomes provenant de la plante cultivée peuvent servir comme matière d'origine. Les fabricants de suppléments d'Hydraste doivent fournir une preuve que leur matière première est cultivée. Pour importer de l’Hydraste, il faut obtenir, de la part du pays exportateur, un permis d’exportation conforme à la convention CITES. Ces exigences permettent de protéger les quelques peuplements sauvages qu'on trouve encore dans les forêts de feuillus de certains États américains, notamment l’Ohio, l’Indiana, le Kentucky, et la Virginie occidentale.

De 1850 à 1960, la pharmacopée officielle des États-Unis reconnaissait l'efficacité thérapeutique de la racine d'Hydraste. En 1969, elle figurait dans la pharmacopée française ainsi que dans 12 autres pharmacopées officielles. Au cours des années 1970 et 1980, elle a connu un regain de popularité après que certains lui aient attribué une action stimulante sur le système immunitaire.

Recherches sur l'Hydraste

L'Hydraste a fait l'objet de très peu d'études cliniques. On attribue généralement ses propriétés médicinales à la présence d'un groupe d'alcaloïdes, dont les plus importants sont l'hydrastine et la berbérine. La berbérine, qu'on retrouve également dans d'autres plantes (Berberis vulgaris, Berberis aquifolium et Coptis chinensis), est le composant de l'hydraste qu'on a le plus étudié.

La berbérine

Divers essais in vitro et sur des animaux, menés au cours des années 1970 et 1980, ont démontré que la berbérine avait une activité antibiotique à large spectre contre plusieurs variétés de bactéries, protozoaires et champignons pathogènes. Ceux-ci sont impliqués dans de nombreuses infections courantes chez l'humain (staphylocoques, streptocoques, E. coli, chlamydia, diphtérie, salmonelle, choléra, pneumocoque, Pseudomonas - otites notamment -, dysenterie, candidose, etc.).

Les principaux alcaloïdes, outre la berbérine, que renferment la racine et les rhizomes de l’hydraste posséderaient des propriétés antimicrobiennes similaires.

Par ailleurs, en Chine, on utilise depuis longtemps le Huanglian (Coptis sinensis), une plante riche en berbérine, pour traiter certains troubles cardiovasculaires. La berbérine aurait des propriétés vasoconstrictrices et antiarrythmiques. Elle pourrait aussi augmenter l’efficacité des statines pour faire baisser le taux de cholestérol. Les chercheurs chinois s’intéressent également aux potentiels effets bénéfiques de la berbérine sur le diabète.

Des chercheurs asiatiques et indiens explorent le potentiel anticancer de la berbérine in vitro et sur des animaux.

  • Usage traditionnel Infections du tube digestif : Plusieurs essais cliniques menés sur des humains indiquent que la berbérine peut être aussi efficace, et parfois davantage, que les antibiotiques classiques pour traiter la majorité des infections gastro-intestinales. Cependant, ces essais n'étaient pas toujours bien contrôlés et il n'est pas clair que la teneur en berbérine de l'Hydraste (de 0,5 % à 6 %) soit suffisante pour avoir un effet thérapeutique. Il faut cependant noter qu'outre les alcaloïdes antimicrobiens qu'elles renferment, les racines de l’Hydraste agissent également sur le système digestif par leurs principes amers. Ceux-ci stimulent l'appétit et la digestion, ce qui constitue un avantage lorsque l'activité du tube digestif est perturbée par une infection.
  • Usage traditionnel Inflammation des muqueuses et de la peau : Bien que les essais cliniques sur les humains manquent, on attribue généralement l'efficacité de l'Hydraste pour traiter ces inflammations aux propriétés antimicrobiennes et antifongiques de ses alcaloïdes.
  • Rhume et grippe : Un usage relativement récent, qui s'est répandu au cours des années 2000, veut qu'on associe l'Hydraste et l'Échinacée dans le traitement du rhume et de la grippe. Cette association ne repose sur aucune étude scientifique et certains experts mettent en doute son efficacité dans ces cas. 
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